Cours no 8: Les points de vue psychanalytique

Distinguer cette approche des autres et en intégrer certains concepts

Cette approche, dans le prolongement de la psychanalyse, fait beaucoup appel au concept d'inconscient. Les difficultés présentes sont conçues comme ayant leurs origines dans les conflits irrésolus de l'enfance. La méthode analytique classique consiste à interpréter le discours (où la libre association est importante) et les fonctionnements actuels (transfert) pour élucider les conflits non résolus.

La psychanalyse postule que l'individu n'assume consciemment qu'une partie de ce qu'il dit et de ce qu'il croit être, que ce qu'il dit en vérité lui échappe autant que la vérité de son être. C'est du fait de cette dissociation fondamentale que l'homme est habité par des conflits tant dans son esprit que dans son corps.

La psychanalyse présente à la fois une méthode d'investigation de la vie psychique, une théorie de la personnalité et une méthode de traitement de ses troubles. Elle sert à démasquer l'inconscient. Fondamentalement, la psychanalyse amène le sujet à faire l'expérience de son inconscient et de ce fait, remet en question l'ensemble de ses rapports à lui-même, aux autres. Dans cette grande refonte du sujet, des symptômes, des inhibitions et des angoisses peuvent tomber mais ce n'est que par effet ou de manière secondaire que la psychanalyse a une fonction thérapeutique (de guérir).

Dans l'analyse classique, l'analysé est couché sur un divan. L'analyste est derrière lui, de sorte que l'analysé ne le voit pas. On demande à l'analysé de dire tout ce qui lui vient à l'esprit sans restriction aucune (idées, fantaisies, sentiments, souvenirs, etc.) À travers ce discours, l'inconscient cherche toujours d'une façon ou d'une autre à percer. L'analyste va montrer les moments où l'analysé n'applique pas cette règle comme étant des moments de résistance à laisser l'inconscient s'exprimer.

La psychanalyse est d'abord un lieu d'écoute où doit se démêler la parole pleine (celle du sujet de l'inconscient) de la parole vide (celle du moi conscient). Il y a mise en acte (ou expression) de l'inconscient par le transfert sur l'analyste.

L'intervenant en santé mentale doit pouvoir faire la différence entre ce qu'il apporte dans une relation et ce qui vient plutôt du client. Le client lui-même nous perçoit en fonction de ses expériences antérieures. C'est ce que la psychanalyse nomme le transfert. Qu'est-ce que le transfert?

Une illusion spécifique qui se développe envers l'autre personne, une illusion qui représente, à l'insu du sujet, par certains de ses traits, la répétition d'une relation envers une figure importante du passé de ce sujet. (Sandler, Dare et Helder, 1975, p. 59 et 60 )

Le client en vient à se relier à l'intervenant d'une façon qui correspond à son style relationnel habituel. Il nous dévoile ses traits de personnalité. Il nous fournit un matériel précieux pour l'aider à se voir tel qu'il est.

Ce matériel ne pourra être utilisé efficacement si le jugement de l'intervenant en santé mentale est contaminé à son insu par son histoire personnelle. Pour nommer l'expérience de l'intervenant face au client, la psychanalyse parle de contre-transfert. Qu'est-ce que le contre-transfert?

Ce sont les réponses affectives spécifiques qu'éveillent chez l'intervenant certaines caractéristiques spécifiques de son patient. (Sandler, Dare et Helder, 1975, p. 172 )

La fonction de l'analyste n'est donc ni de suggérer, ni de guider, ni même de servir de modèle. Elle est la fonction d'être celui à qui le discours s'adresse. L'analyste devient donc un lieu de projection du dire inconscient du sujet. C'est en reconstituant son histoire oblitérée par le refoulement que le sujet retrouve le mouvement de son désir et l'énergie qu'il mobilisait jusque là pour faire face à ses conflits refoulés ou intériorisés.



Il s'agit traditionnellement d'une démarche qui peut être très longue et dispendieuse. De nombreux intervenants s'inspirent de la grille psychanalytique pour comprendre le client, tout en adaptant le cadre de l'intervention au contexte de leur intervention (entretien face à face, rôle plus actif de l'intervenant). Des approches plus court terme, visant à renforcer les mécanismes d'adaptation actuels (les forces du moi) sont aussi développées.



Références

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Winnicott, D. W. (1969). . De la pédiatrie à la psychanalyse. Paris: Payot.

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Liens pertinents

La Société psychanalytique de Montréal

La Société canadienne de psychanalyse
Psychanalyse Jungienne
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Interdisciplinarité et intervention

1. L'obligation de travailler ensemble · 2. La gestion des problèmes du travail en équipe · 3. La gestion émotionnelle · 4.Éthique et déontologie · 5.L'empowerment · 6.La rétroaction et la demande de changement · 7. Le point de vue cognitif-behavioral · 8.Le point de vue psychanalytiques · 9. Le points de vue humaniste · 10. Le point de vue systémiques · 11. Le point de vue communautaire · 12. Un plan global d'intervention · 13. L'épidémiologie et l'épistémologie · 14.L'intégration de différentes approches

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