Comment se motiver?

Susciter l'espoir en soi et autour de soi.

Atelier Sam-03 présenté par Bruno Fortin, M.A.(Ps.) au 12e Congrès de l'Ordre des Psychologues du Québec le samedi 4 juin 1994.

 

 

Introduction

Comment avez-vous réussi à vous lever du lit ce matin? Pensez-y quelques instants. Qu'est-ce qui se passe aux premiers moments de la journée? Comment réussissez-vous à vous motiver à sortir du lit? Ce n'est pas une question sans importance. Certains n'y réussissent pas et perdent leur emploi.

Yvonne se sort du lit sans problème parce qu'elle s'y sent mal dès qu'elle est éveillée: courbatures, maux de dos, maux de tête, etc. Elle se lève pour fuir une situation désagréable.

Vincent se lève parce qu'il a faim. Il se dirige vers la satisfaction d'un besoin pressant, empli de l'image du déjeuner qu'il va prendre, du souvenir du goût et de l'odeur des rôties et du café. Il se lève pour satisfaire un besoin agréable et goûte déjà par anticipation les plaisirs du déjeuner.

Thomas se lève lorsqu'il imagine les désagréments associés à un retard au travail. Il imagine les gens de son milieu le critiquer ou le regarder d'un regard réprobateur, et se lève en préférant faire cet effort plutôt que d'affronter pareille réprobation. Il choisit un inconfort pour en éviter un autre.

Suzanne se lève en se disant des paroles encourageantes sur ce qu'elle va faire au cours de la journée. C'est en se rappelant ses projets qu'elle se met en route.

Roland se dépêche de se lever pour se débarrasser de toutes les choses désagréables qu'il sait qu'il a à faire. Il aborde sa journée comme une montagne de choses désagréables et plus tôt il commencera à pelleter, plus rapidement cette montagne sera éliminée.

Il y a toutes sortes de façons de se mettre en mouvement le matin. Il n'y a pas une façon universelle de le faire. Nous sommes tous différents. Il peut être très utile d'identifier son propre style de motivation. Nous aurons alors à choisir entre l'utilisation systématique d'une stratégie qui fonctionne bien et le développement de nouvelles stratégies plus souples ou plus agréables. Il est toujours plus agréable d'avoir le choix.

Bien que théoriquement il semble plus agréable de se motiver par une motivation positive, par exemple en allant vers la satisfaction de nos besoins plutôt qu'en fuyant la souffrance ou en évitant la punition, mieux vaut accepter de se connaître tel que l'on est. Certaines stratégies peuvent nous être utiles à ce moment-ci de notre vie. Nous pourrons en développer d'autres progressivement si c'est notre choix.

Souvenez-vous des moments où vous vous mettez en mouvement et retournez-y en imagination. Comment vous levez-vous le matin? Comment vous mettez-vous au travail? Comment vous décidez-vous à faire des réparations? Comment vous décidez-vous à faire l'épicerie? À acheter des cartes et des cadeaux?

Est-ce que vous utilisez des images intérieures? Est-ce que vous vous voyez en train de faire quelque chose ou est-ce que vous voyez les choses comme si vous étiez en train de les faire? Est-ce que vous voyez la situation en couleur? En trois dimensions?

Est-ce que vous vous parlez? Est-ce que vous vous dites ce qu'il faut faire? Est-ce que vous imaginez les commentaires des gens?

Est-ce que vous anticipez le plaisir ou le malaise associé à une situation? Est-ce que vous imaginez comment vous vous sentirez dans la situation? Est-ce que vous ressentez déjà l'inconfort associé au fait de ne pas agir?

Que vous soyez motivé par des images, des sons ou des sentiments, par les odeurs ou les sensations tactiles, vous pouvez en venir à utiliser votre propre style de fonctionnement pour vous adresser à vous-mêmes.

Observez-vous. Intéressez-vous à vous-mêmes. C'est la meilleure façon de découvrir votre propre mode d'emploi.

Nous allons aborder dans les pages qui suivent les stratégies de motivation que nous souhaitons que vous utilisiez. Il ne s'agit pas d'une religion. Évitez de sombrer dans l'obsession, dans l'excès et dans la rigidité. Rappelez-vous que vous êtes seulement à la recherche d'une façon efficace de vous mettre en marche. Vous pourrez retenir ce qui vous convient et l'utiliser à votre façon, dans votre propre style, pour atteindre vos propres buts.

 

1. Porter attention aux signaux en soi et autour de soi.

La première étape de la motivation est toujours associée à une sorte de déséquilibre. Il n'y aura pas de mouvement s'il n'y a pas de déséquilibre. Notons toutefois que notre organisme, laissé à lui-même, crée constamment du déséquilibre. C'est ainsi que la faim et la soif émergent et réclament notre attention. Une fois ces besoins satisfaits, d'autres émergent, puis une fois ces nouveaux besoins satisfaits, encore d'autres. C'est une roue qui tourne sans fin, souvent sans que nous en ayons conscience.

Pour toutes sortes de raisons, entre autres parce qu'il y a tellement de choses qui sollicitent notre attention, nous en venons parfois à nous "débrancher" de nos besoins et de nos malaises. Notre capacité à nous motiver s'en ressent. Pour se mettre en marche, se motiver, demandez-vous donc d'abord s'il y a des signaux (événements, sentiments, pensées ou actions) indiquant que certains besoins ou désirs sont en jeux. Nos désirs, nos souhaits et nos insatisfactions s'expriment de toutes sortes de façons différentes. Nous avons avantage à porter attention à ces signaux.

Cela peut vous amener à identifier une situation que vous pourriez améliorer, un problème à résoudre, un malaise chez vous ou chez des gens importants de votre entourage que vous souhaiteriez soulager. La réaction des gens autour de vous peut en effet vous connecter avec un déséquilibre de votre vie qui les affecte sans que vous ne vous en rendiez compte. Une fois que vous l'aurez constaté, il vous reviendra toutefois de vérifier s'il constitue un déséquilibre que vous souhaitez modifier ou non.

Posez-vous la question suivante:

Qu'est-ce qui ne va pas dans la situation actuelle?

 

Les émotions désagréables que vous ressentez peuvent vous aider à identifier les besoins insatisfaits et les problèmes à résoudre. En sachant quand vous êtes tendu ou stressé, vous pouvez identifier le domaine de votre vie qui a besoin d'être réaménagé. Il arrive toutefois que ce soit l'absence de sensations qui attire l'attention. Ce fut le cas de Nicole qui remarqua que sa vie sexuelle ne l'intéressait plus ou encore de Michel qui fit la même constatation pour son travail.

Quand avez-vous ri pour la dernière fois? Quand avez-vous eu du plaisir pour la dernière fois? Quand vous êtes-vous senti satisfait ou heureux pour la dernière fois? L'absence de plaisir peut constituer un des signaux indiquant qu'il y a un déséquilibre dans votre vie. C'est lorsque son ami Martin lui fit remarquer qu'il ne riait plus comme avant au travail que Lucien constata qu'il était envahi par le travail.

C'est en relisant son journal que Lise constata jusqu'à quel point elle tenait des propos tristes et pessimistes. Cela lui permit de constater que sa vie était insatisfaisante et qu'il y avait un déséquilibre.

Observez-vous. Regardez-vous tel que vous êtes, et non tel que vous souhaiteriez être, ou tel que vous imaginez qu'il faut être. Au besoin, demandez aux gens de votre entourage de vous donner de l'information sur ce qu'ils voient de vous. Cela pourra vous aider à vous former une idée plus complète et plus réaliste de votre situation actuelle.

Identifier la présence de signaux d'insatisfactions est une première étape importante pour se mobiliser vers une action efficace.

 

2. Entrer en contact avec l'importance de la situation.

 

Demandez-vous si le déséquilibre, le désir ou le besoin que vous avez identifié est d'importance. Qu'est-ce qui risque de se produire éventuellement si ce problème se maintient ou augmente? Quels sont les besoins de base menacés par cette situation? Quels sens ces signaux ont-ils?

Face aux signaux que vous avez identifiés à l'étape précédente, demandez-vous:

Est-ce important?

 

L'évaluation de l'importance de l'insatisfaction peut vous aider à vous mobiliser. Notons que votre évaluation de l'importance des besoins en jeux dépend souvent de vos attentes. Il s'agit donc d'une occasion de faire le point sur la distance qu'il y a entre vos attentes ou vos souhaits et la réalité. L'évaluation de l'importance de la souffrance peut aussi vous mobiliser pour un aménagement à long terme de notre vie si vous constatez que ce problème ne réagit pas aux solutions à court terme. L'évaluation de l'importance relative de différents problèmes vous aidera à faire des choix et de s'intéresser au plus important.

Rappelez-vous que la répétition d'un faible stress peut avoir un impact important sur votre vie. Mère de trois enfants en plus de s'occuper de sa mère aveugle, Julie n'évaluait jamais les situations individuelles de sa vie familiale comme très stressante, mais elle a dû constater qu'en s'additionnant, ces petits efforts prenaient de l'importance.

Nous pouvons évaluer l'importance de notre souffrance en nous référant à notre façon d'être habituelle. Référez-vous à une mesure interne de 0 à 100, 100 représentants la plus grande importance que peut avoir une situation et 0 la plus petite. Demandez-vous à l'occasion jusqu'à quel point les préoccupations qui vous passent par la tête sont importantes selon cette échelle interne. Cela vous aidera à différencier ce qui mérite une action de ce qui peut être considéré comme sans importance. Vous aurez plus d'énergie à consacrer à l'essentiel.

Nous pouvons également évaluer l'importance de notre problème en nous référant ce que vivent d'autres personnes dans une situation semblable à la nôtre. C'est ainsi que vous pouvez découvrir par exemple que vous réagissez d'une façon excessive à l'autorité alors que les autres se débrouillent bien dans ces situations.

Nous pouvons aussi évaluer l'importance de notre problème en nous laissant imaginer son évolution dans le temps. Demandez-vous ce qui se produira dans trois mois, six mois, un an, cinq ans, dix ans si ce problème continue à évoluer? Qu'est-ce qui risque de se produire de désagréable si rien ne change?

 

3. Clarifier son but

 

Qu'est-ce que je veux obtenir? Quel est mon objectif? Qu'est-ce que souhaite obtenir? Comment saurai-je que mes efforts ont été couronnés de succès? Qu'est-ce qui constituerait une augmentation significative de la qualité de ma vie?

Demandez-vous:

Qu'est-ce que je recherche précisément?

 

Évitez l’objectif trop général tel qu'"être heureux". Spécifiez ce que signifie pour vous être heureux et comment précisément vous pourriez augmenter vos chances de l'être un peu plus.

Les buts généraux peuvent être ramenés à des buts spécifiques. Préciser un but concret ramène les attentes à un niveau réaliste et mobilise l'énergie dans une direction positive. Le but final peut vous servir de phare qui guide notre route. Pensez au malade qui prend la peine d'apprendre comment mieux gérer sa douleur et ses symptômes mais qui continue aussi à investir dans les comportements de santé qui augmentent ses chances d'avoir accès à une grande qualité de vie.

Fixez-vous des objectifs réalistes. Vous aurez plus de chance de les atteindre et d'éviter la frustration.

Faites-vous une image claire des étapes par lesquelles vous aurez à passer et identifier des évidences qui vous feront savoir que vous progressez sur cette route, et qui vous feront constater que vous êtes arrivé à votre but.

Soyez fier de vos efforts en cours de route. Vous n'êtes pas obligé d'attendre d'être arrivé à votre but avant de constater la valeur de vos efforts. Prenez plaisir au trajet.

Si vous ne réussissez pas à vous faire une représentation interne d'un but réaliste, c'est probablement que vous avez besoin de plus d'information sur les différents chemins que vous pouvez prendre pour satisfaire vos besoins.

 

4. Déterminer l'existence de solutions

 

Y a-t-il quelque chose à faire? Existe-t-il des solutions à cette situation? Y a-t-il une possibilité réelle de changer la situation et de résoudre le problème?

Demandez-vous maintenant:

Y a-t-il quelque chose à faire?

 

Mobilisez votre capacité de raisonnement. Certaines solutions demandent qu'on fragment le problème en petits morceaux.

Recherchez de l'information de qualité afin d'avoir le plus de choix possible devant vous. Lisez. Faites une enquête auprès de votre entourage, au besoin auprès de professionnels. Explorez comment ceux qui ont résolu ce problème s'y sont pris. Devenez un explorateur qui veut en savoir le plus possible sur les différents chemins qui se trouvent devant lui.

Rappelez-vous que vous n'êtes pas à la recherche d'une solution gratuite, disponible instantanément, sans effort et sans contrainte. Vous aurez probablement à choisir parmi un nombre limité de possibilités. Ces possibilités étant parfois toutes désagréables, vous aurez à choisir celle qui l'est le moins.

 

5. Entrer en contact avec ses capacités personnelles d'appliquer une des solutions

 

Est-ce que je suis personnellement capable d'appliquer les solutions envisagées? Quelqu'un de mon entourage peut-il faire ce qu'il y a à faire pour régler ce problème? Puis-je acquérir les habiletés nécessaires, apprendre ce qu'il faut apprendre pour régler ce problème?

Demandez-vous:

Est-ce que je suis capable de le faire ?

 

Certaines solutions hypothétiques sont inaccessibles pour des raisons financières ou parce que vous n'avez pas les ressources nécessaires. Il est préférable de bien connaître vos capacités et vos limites.

Même si vous aviez les capacités d'agir, il est de première importance d'être en contact avec vos capacités personnelles face à la tâche à accomplir, sans quoi vous risquez de ne pas y mettre l'énergie requise et d'abandonner rapidement face aux difficultés.

Notre mémoire conserve le souvenir de nos capacités et de nos solutions antérieures. Cela peut aider de réviser ce que l'on a déjà fait dans des situations semblables.

On augmente nos chances de se sentir capable de faire les premiers pas lorsqu'on prend la peine de s'assurer que ces premiers pas sont plutôt faciles. Ne cherchez pas à monter sur l'édifice de trois étages d'un seul coup: cherchez l'escalier.

Structurez la tâche de façon à favoriser votre succès. En commençant par vous attaquer à des problèmes plus faciles à résoudre, vous pourrez augmenter votre confiance en vos capacités et passer aux problèmes plus importants avec plus de détermination. Prenez d'abord un minimum de risque pour un maximum de succès.

Identifiez les ressources pertinentes en vous et autour de vous. Cela vous évitera de sous-estimer vos capacités et celles auxquelles vous avez accès.

Choisissez de douter de vos hypothèses extrémistes et répétitives. Dites-vous que ce ne sont que des hypothèses. Donnez-vous la permission d'expérimenter et d'explorer personnellement l'univers. Cela augmentera vos chances de découvrir de nouvelles ressources en vous, et de nouvelles façons de faire les choses.

Parmi nos capacités se trouvent celles d'apprendre, de se trouver un modèle ou d'avoir recours à des professionnels au besoin.

Rappelons le fait que vous avez probablement déjà une stratégie privilégiée de motivation personnelle. Vous pouvez vérifier de quelle façon vous pourriez l'utiliser dans cette situation ou s'il est préférable d'élargir votre répertoire de stratégies de motivation en essayant autre chose.

 

6. Situer l'effort actuel sur le chemin qui mène vers son but

 

Est-ce que je vois le lien entre ce que je dois faire et le but que je veux atteindre?

Demandez-vous:

Est-ce que je juge l'effort requis pertinent?

 

Pourquoi feriez-vous quelque chose si vous ne croyez pas que cela sera efficace? Assurez-vous de bien comprendre en quoi l'effort requis est pertinent dans la recherche de votre propre but.

Faites-vous une carte mentale qui illustre les étapes à suivre, le lien entre ce que vous faites et votre but, ainsi que le chemin qu'il vous reste à parcourir.

Les efforts à courts termes sont reliés plus facilement dans notre esprit au but poursuivi. Les efforts déployés sur une longue période de temps nous amènent parfois à perdre de vue notre but. Vous serez plus motivés à poursuivre ce que vous considérez comme une façon efficace de vous rapprocher de votre but. Faire le point régulièrement sur la direction de vos efforts vous évitera de vous perdre ou de vous épuiser. Les changements constants dans votre vie justifient le fait de faire le point régulièrement.

 

7. Comparer l'estimation des efforts à fournir avec celle des ressources disponibles

 

Est-ce que j'ai toute l'information nécessaire sur l'effort à fournir? Est-ce que j'ai l'impression que cela va me demander plus d'énergie, d'efforts ou d'argents que je peux en fournir?

Demandez-vous:

Est-ce que j'ai une bonne estimation des efforts à fournir?

 

Faites un inventaire de votre énergie, de vos ressources financières, de votre endurance.

Demandez-vous comment vous avez procédé pour évaluer l'énergie qu'il y aura à fournir. D'où vient mon information? Si vous surestimez l'effort à fournir, vous ne ferez rien. Si vous sous-estimez l'effort requis, vous abandonnerez rapidement.

Si vous imaginez le pire, rappelez-vous qu'il s'agit d'une hypothèse et faites-en d'autres.

S'il vous manque d'information, allez en chercher.

Faites-vous un inventaire de ce qui est disponible, et une prévision de ce que vous aurez à faire. Cela peut vous demander un petit effort et vous rendre un peu plus anxieux à l'idée de ce qu'il vous faudra affronter, mais rappelez-vous que vous êtes déjà en train de résoudre ce problème en y pensant d'une façon constructive à l'avance. Tant que vous avez la sensation de vous préparer, continuez. Si vous constatez que vous tournez en rond sans que cela vous aide à vous préparer à affronter la situation, coupez vos pensez et passer à autre chose.

Le fait de faire une enquête auprès de personnes qui ont vécu ce que vous entreprenez peut vous permettre d'avoir en tête un plan réaliste.

Préparez-vous à réviser votre plan et vos attentes à chaque fois que vous aurez une nouvelle information fiable. Tout ce qui est vivant change constamment.

 

8. Faire place au passé puis remettre le passé à sa place

Notre mémoire contient certains souvenirs désagréables associés à la situation actuelle. Il vaut mieux faire temporairement place à ces souvenirs et à notre passé afin d'éviter d'être immobilisé par de vieilles craintes. L'importance que l'on accordera au passé dans cette situation dépendra de son poids dans la balance du présent.

Demandez-vous:

Est-ce que j'ai déjà vécu des expériences qui diminuent ma motivation?

 

Faites un bilan des expériences négatives dans ce domaine. Identifiez en quoi la situation actuelle est différente de celles dont vous vous souvenez. Identifiez ce que vous ferez de différent. Identifiez de ce que vous avez appris depuis cette tentative. Identifiez l'aide supplémentaire que vous avez à ce moment-ci.

Identifiez les informations que vous avez actuellement que vous ignoriez au moment qui vous revient à l'esprit. Puisqu'il est utile de réviser vos attentes à chaque fois que vous avez une nouvelle information fiable, vous avez de bonnes raisons d'aborder la nouvelle situation avec un nouvel espoir.

Recherchez en quoi cette situation est un "nouveau départ". Recherchez les éléments qui peuvent vous aider à avoir un sentiment d'espoir tout en ayant le minimum de sécurité dont vous avez besoin.

Vous avez peut-être une vieille cassette qui rejoue constamment dans votre tête. Vous pouvez choisir d'écrire une lettre aux principaux personnages de ce film leur décrivant mes sentiments. Rappelez-vous que vous faites cela pour vous. N'envoyez pas cette lettre. Elle vise à vous aider à comprendre et à modifier vos films intérieurs. Vous pourrez toujours choisir plus tard de les contacter pour tenter de les faire changer.

 

9. Évaluer les risques réels associés au changement ainsi que les avantages anticipés

 

Qu'est-ce que je risque? Y a-t-il des risques élevés associés à la solution envisagée?

Demandez-vous:

Y a-t-il des risques élevés à changer cette situation?

 

Identifiez vos fantaisies catastrophiques. Remettez en question leurs pertinences: quelles sont les évidences? Vérifiez vos informations. Explorez les facteurs d'assistance afin de ne pas les oublier.

Rappelez-vous que tout ce qui est connu peut sembler plus attirant et confortable que ce l'inconnu, même si cet inconnu apporte un changement souhaitable.

Identifiez de ce qu'il y a à gagner du changement désiré proportionnellement à ce qu'il peut y avoir comme perte. N'oubliez pas qu'il y a aussi un risque à tolérer l'intolérable.

Le risque de se sentir coupable suite à notre décision est toujours présent. La peur de se tromper peut vous immobiliser. L'évaluation des risques vous permet de nous préparer. Vous pouvez mettre de côté nos fantaisies irréalistes au sujet des risques en jeu.

Pour mettre les risques que vous anticipez en perspective, vous pouvez avoir recours aux questions suivantes (Markus et Nurius, 1986):

- Comment souhaiteriez-vous que cela se passe?
- Comment imaginez-vous que cela va vraiment se passer?
- Comment craignez-vous que cela se produise?

En précisant ce que vous souhaitez, ce que vous considérez probable et ce que vous craignez, vous aurez plus d'emprise sur vos images intérieures et vous pourrez vous faire un film plus réaliste des choix que vous avez devant vous. Rappelez-vous que ce sont des hypothèses. Elles ont toutefois un impact important sur votre motivation.

 

10. Se situer face aux pressions de l'entourage

 

L'influence de l'entourage peut favoriser la souffrance ou la croissance. Ils expriment leurs propres souhaits en fonction de leurs propres besoins.

Demandez-vous:

Les gens de mon entourage m'incitent-ils à ne pas bouger?

 

Recherchez un groupe de support positif. Vous pouvez faire place aux personnes qui ont un effet positif sur vos projets.

Identifiez les saboteurs. Identifiez des raisons personnelles qui pourraient pousser ces saboteurs à agir à votre détriment, peut-être sans s'en rendre compte.

Évaluez jusqu'à quel point votre entourage actuel satisfait vos besoins et vous fournit un modèle positif.

Évaluez jusqu'à quel point vous souhaitez ressembler aux gens de votre entourage, et jusqu'à quel point vous souhaitez avoir des enfants qui leur ressemblent.

 

11. S'assurer de sa disponibilité et de la priorité du changement désiré

 

Suis-je disponible? Est-ce qu'il y a un attrait incompatible qui nécessite mon attention pour l'instant? Votre engagement dépend de Votre disponibilité et de la priorité que Vous accordez à la situation actuelle. Vous êtes sollicité par un ensemble de rôles.


Demandez-vous:

Suis-je déjà engagé ailleurs?

 

Faites un bilan de vos activités. Faites un horaire détaillé d'une semaine.

Évaluez la répartition de votre énergie en termes de pourcentage. Déterminez quel pourcentage de vos énergies est consacré aux loisirs, aux amis, aux cours, etc.

Identifiez vos priorités en fonction de vos besoins immédiats, à moyens termes et à longs termes. Vos priorités évoluent avec le temps. Il est parfois prioritaire de prendre soin de soi.

C'est parfois au niveau d'un agenda caché que l'énergie est mobilisée. Est-ce que je veux changer ou me faire un ami du psychothérapeute? Est-ce que je veux le forcer à s'occuper de moi? Est-ce que je veux le mettre en échec et lui prouver que personne ne peut m'aider?

 

12. S'assurer d'acquérir les connaissances et les habiletés préalables

 

Suis-je prêt? Qu'est-ce que j'ai besoin d'apprendre avant de m'attaquer à cette tâche? Certains changements nécessitent l'acquisition de connaissances et d'habiletés préalables.


Demandez-vous:

Est-ce que j'ai déjà acquis les connaissances et les habiletés préalables?

 

Identifiez les préalables: ce que vous devez savoir et ce que vous devez pouvoir faire avant d'entreprendre cette démarche.

Identifiez le chemin par lequel vous pouvez passer pour acquérir ces pré-requis. Faites-en la première étape de votre cheminement plutôt que d'y penser comme un empêchement de poursuivre mes efforts.

La recherche d'informations entre autres auprès de personnes qui pourront vous servir de modèles s'avère encore une fois précieuse.

 

Références

 

Andreas, S. et Andreas, C. (1987). Change your mind and keep the change. Moab, Utah: Real People Press.
Bandler, R. (1985). Using your brain- for a change. Moab, Utah: Real People Press.
Bandler, R. et MacDonald, W. (1988). An Insider's Guide to Sub-Modalities. Cupertino, CA: Meta Publications.
Bandura, A. (1990). Conclusion. In R.J. Sternberg et J. Kolligan. Competence Considered (pp. 315-362). New Haven: Yale University Press.
Fortin, B. (1988). De l'état actuel à l'état désiré. The Canadian Nurse/L'Infirmière Canadienne, 84 (7), 46-49.
Fortin, B. (1989). Imagerie mentale et comportements nouveaux. The Canadian Nurse/L'Infirmière Canadienne, 85 (l0), 44-46.
Fortin, B. (1990). Le point de vue de l'oiseau. The Canadian Nurse/L'Infirmière Canadienne, 86 (8), 40-42.
Fortin, B. (1991). Mon efficacité personnelle et professionnelle. The Canadian Nurse/ L'infirmière canadienne, 87 (4), 36-37.
Fortin, B. (1992). Des pistes pour modifier l'impact du stress. The Canadian Nurse/ L'infirmière Canadienne. 88 (8), 37-39.
Fortin, B. (1993). Prendre soin de sa santé mentale. Montréal: éditions du Méridien.
Fortin, B. (1993). Survivre à l'urgence. L'infirmière du Québec, Novembre-Décembre, 34-38.
Markus, H. et Nurius, P. (1986). Possible Selves, American Psychologist, 4, 954-969.
Meichenbaum, D. et Turk, D. C. (1987). Facilitating treatment adherence. New York: Plenum Press.
Schiff, J. L. (1975). Cathexis reader: Transactional analysis treatment of psychosis. New York: Harper & Row.
Young, J. E. et Klosko, J. S. (1993). Reinventing your life. New York: Dutton, Penguin Books.

 


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Psychologue en milieu hospitalier depuis plus de 35 ans, Bruno Fortin s'intéresse particulièrement aux stratégies d'adaptation face aux situations stressantes de la vie. Il a une vaste expérience d'enseignant et d'animateur d'ateliers. Il est l'auteur et le coauteur de nombreux ouvrages dont Comment améliorer votre médecin? aux Éditions Fides.




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Janvier 2020, © Bruno Fortin, psychologue. Tous droits réservés.