L’étudiant n’est pas en position d’apprentissage

 

Nous souhaitons favoriser chez l’étudiant une position d’apprentissage. Elle se caractérise par une attitude d’ouverture, de confiance, propice à expérimenter, à réfléchir et à tirer profit du partage de l’expérience disciplinaire et relationnelle des personnes ressources.  Les étudiants ont spontanément tendance à se réfugier dans une position de «performance» ou d’«évaluation».

 

La position de performance/évaluation vise à paraître compétent.  L’étudiant souhaite que sa performance soit conforme aux attentes et il veut sentir l’approbation.  Il recherche à obtenir une évaluation « agréable ».  Il risque de présenter des cas simples, des succès, dans un domaine où il est déjà performant.  Il met l’accent sur ce qu’il sait et laisse dans l’ombre ses doutes, ses faiblesses, ses points à améliorer.  Cela peut donner une supervision superficielle.  C’est difficile d’aider quelqu’un qui ne dévoile pas ce qu’il doit améliorer. 

 

L’étudiant en position d’apprentissage cherche à devenir compétent.  Il est intéressé à apprendre et à expérimenter.  Il puise sa motivation dans la perception de ses progrès dans son apprentissage.  Il cherche à obtenir une évaluation utile qui lui donne l’heure juste et qui favorise sa progression.  En plus de ses bons coups, il expose ses incertitudes et les domaines où il est en développement. 

 

Marie Giroux et Gilles Girard (2009) présentent un éventail de stratégies de supervision favorisant une meilleure position d’apprentissage chez l’étudiant :

 

1. Identifier périodiquement avec l’étudiant  où il en est dans sa formation en l’amenant à partager ses inquiétudes et à préciser ses buts et ses attentes d’encadrement, car c’est sa formation.

2. En tant que Superviseur, énoncer à l’apprenant ses attentes en termes de performance attendue tenant compte de ses propres attentes et des objectifs de son niveau de formation.

3. Profiter des cas supervisés pour inciter l’étudiant à énoncer une ou deux questions qu’il se pose et à y répondre avec notre aide.

4. Réserver des temps protégés réalistes précis pour discuter d’une question à approfondir.

5. Vérifier auprès de l’apprenant son sentiment de compétence dans les diverses activités de son stage et discuter de ce qui pourrait l’aider à se sentir plus compétent.

6. Désactiver les pressions que s’impose l’étudiant au niveau des connaissances à acquérir et des tâches à accomplir, en partageant notre propre vécu d’étudiant et en soulignant ce qui importe à son niveau de formation.

7. Avant de livrer un feedback, inciter d’abord l’étudiant à procéder à l’auto-évaluation de son travail, puis la faire nuancer à l’aide de questions.

8. Souligner explicitement les bons coups de l’étudiant et ses points à améliorer de manière à ce qu’il ne perçoive pas uniquement ces derniers.

9. En fin de séance de supervision, transformer le point à améliorer en terme d’objectifs à travailler lors de la prochaine supervision.

10. Suite au feedback, vérifier ce que l’étudiant entend au sujet de ses points forts et de ses points à améliorer et en quoi le feedback reçu modifie son auto-évaluation.

11. Faire de la supervision anticipatoire (précoaching) en révisant avec l’étudiant son plan d’action ou des points importants à considérer avant qu’il rencontre le patient et discuter par la suite des ajustements effectués en entrevue.

12. Suite à une consultation serrée dans le temps où l’étudiant a éprouvé un sentiment d’incompétence avec un patient difficile, revoir avec lui ce qu’il a réussi à accomplir lors de cette rencontre.

13. Permettre à l’étudiant d’observer comment nous nous débrouillons dans les situations difficiles de manière à ce qu’il perçoive ses compétences et les faire ressortir dans une discussion après l’entrevue.

14. Lorsque l’étudiant et le Superviseur  voient conjointement les patients, alterner les rôles d’observateur et d’intervenant avec retour critique sur les entretiens et discussion des questions litigieuses.

15. Utiliser le vidéo pour que l’étudiant observe ses forces, qu’il voit comment s’améliorer et qu’il prenne une saine distance par rapport à sa performance.

16. Enseigner l’efficacité dans la gestion du temps : montrer à l’étudiant comment il aurait pu gagner du temps avec telle situation, comment il aurait pu couper dans son questionnaire ou son examen.

17. Proposer à l’étudiant en fin de stage de vivre les prochaines semaines comme s’il était praticien autonome et de voir le superviseur comme un coach ou un collègue de travail avec qui il échange pour améliorer sa performance.

18. Demander à l’étudiant du feedback par rapport à la supervision.

 

Référence :

Giroux, M. et Girard, G. (2009).  Favoriser la position d’apprentissage grâce à l’interaction superviseur-supervisé, Pédagogie Médicale,  2009, 10 (3): 193–210.

Giroux, M., Saucier, D., Cameron, C., Rheault, C. (2016).  La position d’apprentissage : Un incontournable pour le développement des compétences.  Le Médcin de famille canadien, 62, 86-89.

 

 

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